Un chevalier carolingien devenu saint

Au début du VIIIe siècle, la Septimanie alors occupée par les Wisigoths puis les Musulmans, devient l’objet de la conquête franque. La victoire de Poitiers, remportée en 732 par Charles Martel, grand-père de Guilhem et Charlemagne, allait ouvrir la voie de la méditerranée.

A sa suite, Pépin le Bref puis Charlemagne consolident la présence franque dans le midi qu’ils organisent administrativement, alors que Witiza, plus connu sous le nom de Benoît d’Aniane, œuvre à sa reprise en main religieuse. C’est dans ce contexte, que Guilhem voit le jour vers 755. Il devient un grand chef militaire sous les ordres de son cousin germain Charlemagne. Comte de Toulouse et Duc d’Aquitaine, il s’illustre particulièrement aux marches de l’Espagne. En 806, à l’issue d’une vie de combat, sous l’impulsion de son ami d’enfance, Benoît d’Aniane, il embrasse la vie monastique. Il débute au Val de Gellone, la fondation de son Abbaye dès 804, et ne verra pas la fin des travaux puisqu’il y meurt en 812.

Dès le Xe siècle, les moines de l’abbaye instaurent son culte. Au XIIe siècle, la vallée de Gellone devient en son honneur Saint-Guilhem-le-Désert. Le désert symbolise ici la quête spirituelle de Guilhem.

Un personnage légendaire

Surnommé « Fierabrace » ou encore le « marquis au court nez », Guilhem va inspirer le héros épique de l’une des plus importantes œuvres littéraires du Moyen Age : le cycle de Guillaume d’Orange, vaste ensemble poétique de plus 130 000 vers, composé en langue d’oïl, entre de le XIe et le XIVe siècle.

Célébré à travers toute l’Europe par les jongleurs et les trouvères, Guilhem est au cœur de vingt-quatre chansons de gestes dont la plus ancienne est la chanson de Guilhem composée sans doute dès le XIe siècle. Il sera particulièrement mis en scène dans « Les enfances de Guillaume« , « Le couronnement de Louis« , « Le charroi de Nîmes« , « La prise d’Orange« , « Aliscans » ou encore « Le Moniage Guillaume« . Ainsi, nous pouvons retracer la biographie légendaire de notre héros et de son lignage. Au fil des siècles, le personnage historique laisse alors peu à peu place au héros légendaire qui combat sans faillir géants et païens à l’aide de sa fameuse épée Joyeuse. Il devient au fil des siècles, l’archétype du chevalier, incarnant l’idéal de la société féodale et la défense de la chrétienté.